La première question à se poser (et qui vous sera très vraisemblablement posée par le jury au concours de sous-officier) avant de franchir le pas est : pourquoi choisir la Gendarmerie? Il est inutile de vous préparer au concours, assez difficile au demeurant, pour vous apercevoir au bout du compte que vous n’êtes pas fait pour cela.
Il est primordial de vous rappeler que la Gendarmerie n’est pas la Fonction Publique mais un corps d’armée bien particulier, ayant derrière lui une longue tradition, donc comportant des grades : si vous êtes allergique à la notion de hiérarchie, changez immédiatement d’orientation! En revanche les tenants de la discipline et de l’ordre y trouveront leur compte et savoir qu’il existe un véritable esprit de corps est plutôt rassurant.
Le gendarme ne compte pas ses heures de travail mais bénéficie en contrepartie de neuf semaines de congés payés, ce qui n’est tout de même pas négligeable. Il doit faire preuve d’une grande disponibilité et est logé en caserne pour les nécessités du service. L’avantage en est la gratuité qu’induit ce logement de fonction mais certains considèrent comme un inconvénient cette imbrication entre vie professionnelle et vie privée .
Sachez également que la formation continue est très présente en Gendarmerie, offrant ainsi des possibilités d’évolution intéressantes ; la montée en grade peut se faire rapidement pour qui fait preuve de motivation et de nombreuses spécialités s’offrent à vous.
Les qualités requises pour être gendarme
- Le gendarme doit avant tout avoir le respect de la hiérarchie et le sens du devoir : il ne doit jamais oublier qu’il est au service de ses concitoyens et de la République.
- Une grande disponibilité et le sens de l’adaptation sont indispensables au gendarme, qui est amené se déplacer au gré des diverses missions et des mutations ; cela demande des personnels dynamiques et ouverts au monde.
- De grandes qualités relationnelles sont nécessaires, surtout dans les brigades territoriales où le gendarme est fréquemment au contact de la population ; étant amené à souvent faire de la prévention, la diplomatie, la pédagogie et le sens des responsabilités s’imposent également.
- La réactivité, la maîtrise de soi et une excellente forme physique (ainsi qu’un bon équilibre nerveux) sont indissociables du métier de gendarme ; les exercices physiques sont d’ailleurs omniprésents tout au long de sa carrière.
Le concours de sous-officier
1) Le recrutement
En ce qui concerne la formation de sous-officier de gendarmerie, pour s’inscrire au concours (que l’on peut présenter trois fois au maximum) le candidat doit satisfaire aux conditions suivantes:
- être de nationalité française ;
- être âgé de 18 ans au moins et de 35 ans au plus au 1er janvier de l’année du concours ;
- être titulaire du baccalauréat ;
- jouir de ses droits civiques et être de bonne moralité ;
- être reconnu apte physiquement ;
- avoir effectué la Journée Défense et Citoyenneté.
Les candidats non bacheliers ont cependant une opportunité d’entrer dans la gendarmerie en devenant Gendarmes Adjoints Volontaires (GAV) à condition d’avoir moins de 26 ans (mais ils peuvent postuler dès l’âge de 17 ans). Il leur suffit de passer les tests d’admission, sachant qu’en cas d’échec ils sont ajournés d’un an. Ils bénéficieront alors d’une formation (13 semaines en école + 12 semaines en unité pour le GAV APJA, 6 semaines en école + 6 semaines en unité pour le GAV EP) puis signeront un contrat d’engagement de un an, renouvelable quatre fois.
L’engagement en tant que GAV présente deux avantages. D’une part il peut être considéré comme une « période d’essai » pour un futur gendarme. Cela lui permet de s’assurer qu’il souhaite persévérer dans cette voie ; s’il se rend compte que la gendarmerie n’est vraiment pas faite pour lui, il lui suffit de ne pas renouveller son contrat. A contrario, s’il est toujours disposé à intégrer la Gendarmerie nationale, il pourra passer le concours interne de sous-officier ne nécessitant aucune condition de diplôme.
A noter que les ADS de la Police nationale et les militaires ayant plus de quatre ans de service ont également accès au concours interne de sous-officier de gendarmerie.
Auparavant une taille minimale était requise pour entrer dans la gendarmerie mais cette obligation a été supprimée en 2012 (en 2014 pour certaines formations particulières). Les documentations prenant toujours en compte ce critère sont donc obsolètes.
2) Les épreuves du concours
Le concours est constitué de trois épreuves d’admissibilité et deux épreuves d’admission.
a) Epreuves d’admissibilité
- Epreuve de composition de culture générale (3 heures, coefficient 5) visant à évaluer les capacités de rédaction et la culture du candidat.
- Epreuve d’aptitude professionnelle (35 minutes, coefficient 2) sous forme de QCM vérifiant la capacité de compréhension et de rapide adaptation à une situation.
- Epreuve de langue étrangère (30 minutes, coefficient 1) avec un QCM testant les connaissances en vocabulaire et en grammaire.
Parallèlement aux épreuves d’admissibilité, vous passerez deux inventaires de personnalité. Il ne s’agit pas d’une épreuve mais d’une préparation à l’entretien individuel avec un psychologue, permettant de dresser votre profil psychologique.
b) Epreuves d’admission
- Epreuve d’entretien avec le jury (20 minutes + 10 minutes de préparation, coefficient 7), portant sur un sujet d’ordre général en lien avec les grandes questions d’actualité et sur les motivations du candidat.
- Epreuve physique gendarmerie (coefficient 3) constitué d’un parcours d’obstacle, d’une simulation de combat et d’un transport de poids.
La formation du sous-officier de gendarmerie
D’une durée de 12 mois, elle se fait en internat dans l’une des quatre écoles de gendarmerie du territoire et comporte trois phases. Signalons au passage que l’élève n’a pas le choix de son école, la répartition se faisant de façon aléatoire.
La phase 1, de 12 semaines
Est axée sur la formation militaire et est surtout destinée à aguerrir les futur gendarmes. Elle porte essentiellement sur la déontologie et la connaissance du milieu militaire.
Cette phase est ponctuée de contrôles continus et se termine par un examen ; l’élève est également noté sur son comportement général. La moyenne de l’ensemble de ces notes, ainsi que l’obtention du certificat d’aptitude au tir détermineront la poursuite de la scolarité, le redoublement ou la dénonciation du contrat d’engagement.
La phase 2, de 18 semaines
Est une véritable formation technique à l’emploi de la force et de ses règles juridiques que le gendarme est amené à exercer à un moment ou un autre. Elle se rapporte également à la connaissance de la gendarmerie, principalement aux trois axes principaux que sont l’accueil du public et les missions de sécurité routière et de police judiciaire.
La phase 3 de 21 semaines
En tant que formation territoriale, consolide les acquis des phases précédentes.
Ces deux phases font également l’objet de contrôles continus. La délivrance du certificat d’aptitude gendarmerie est conditionnée par la moyenne de ces contrôles continus à laquelle vient s’ajouter la moyenne de la première phase, la note d’examen de fin de scolarité et la note d’aptitude finale. A noter que le CAG ne peut être obtenu en l’absence du permis B. Quant aux coefficients des diverses notes, ils sont très élevés, allant de 5 à 44.
Cette formation est complétée par un séjour en camp durant trois à cinq jours, un stage d’une semaine dédié au maintien de l’ordre, ainsi que la formation à la maîtrise de l’adversaire (avec et sans arme), des parcours d’obstacles et une quantité importante d’exercices physiques.
L’affectation du sous-officier de gendarmerie
La note moyenne générale des élèves donne lieu à l’établissement d’un classement et les postes sont attribués dans l’ordre de ce classement ; autrement dit, les mieux classés ont quelques chances d’être affectés dans la région qu’ils souhaitent, à condition qu’il y ait des postes ouverts dans celle-ci.
Rappelons que la Gendarmerie nationale se décompose en sept unités : unité territoriale, de maintien de l’ordre, d’intervention, de police de la route, de police judiciaire, de prestige et spécialisée. Certaines d’entre elles sont accessibles dès la sortie de l’école de sous-officiers, alors que d’autres imposent d’avoir atteint un certain grade ou d’avoir déjà accompli quelques années de services effectifs.
Les métiers de la gendarmerie
1) Le gendarme départemental
Recruté majoritairement dès sa sortie d’école, le gendarme départemental est affecté en brigade territoriale urbaine ou rurale où il assure des missions très diverses : accueil du public, surveillance de son secteur (prévention des actes de délinquance, trouble à l’ordre public…), sécurité routière, participation à des enquêtes judiciaires. A ce dernier titre il est Agent de Police Judiciaire (APJ) avec des prérogatives restreintes ; au bout de trois ans de services effectifs, il peut suivre la préparation d’Officier de Police Judiciaire (OPJ).
2) Le gendarme mobile
Le maintien de l’ordre (et parfois son rétablissement) est la principale mission du gendarme mobile. Il intervient généralement dans les circonstances générant un rassemblement de foule (défilés, manifestations…) et remplit aussi des missions saisonnières (stations balnéaires en été…). Il apporte régulièrement son aide à la gendarmerie départementale dans le cadre de recherches d’individus ou de patrouilles dans des quartiers sensibles.
3) Le gendarme en unité d’intervention
- Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) : il est constitué de gendarmes volontaires, expérimentés et en excellente condition physique. Ils effectuent des missions de surveillance générale, très souvent de nuit, dans des secteurs sensibles et interviennent dans des situations critiques telles que les vols à main armée, les poursuites de malfaiteurs et les attentats terroristes. Ils bénéficient d’une formation continue aux techniques d’intervention et d’un entraînement physique régulier.
- Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie (PSPG) : il s’agit d’une unité de contre-terrorisme dédiée à la surveillance constante des centrales nucléaires. Les moyens matériels de ces pelotons leur permettent d’affronter un commando armé en cas d’intrusion ou d’actes de sabotages. Ils font du renseignement et peuvent aussi intervenir lors d’alertes à la bombe ou dans des prises d’otages. Le gendarme du PSPG est formé par le GIGN, est régulièrement réévalué et suit un entretien quotidien.
- Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN) : il intervient dans les situations très graves (détournement d’avion ou de navire, prise d’otages…), effectue des missions d’infiltration et de recherche, assure la sécurité des ambassades françaises à l’étranger et la protection rapprochée de personnalités sur notre territoire et apporte son appui dans divers domaines. Le recrutement de volontaires est extrêmement rigoureux et donne lieu à une formation très spécifique.
4) Le gendarme en police de la route
- Motocycliste : dépendant de la gendarmerie départementale, le gendarme motocycliste peut appartenir à une brigade motorisée (lutte contre l’insécurité routière), à un peloton d’autoroute (sécurité des usagers) ou à une brigade motorisée autoroutière combinant les missions précédentes. Pour y accéder il faut d’abord effectuer un pré-stage de sélection (il est fortement conseillé d’avoir déjà une bonne pratique de la moto pour réussir les tests) suivi d’un stage de formation.
- Pilote de voiture rapide d’intervention (VRI) : ce spécialiste de la sécurité routière a pour mission d’intercepter les automobilistes roulant à vive allure sur l’autoroute. Il assure également les mêmes missions que le motocycliste. Le volontaire doit servir depuis au moins trois ans en unité territoriale et se soumettre à un examen médical approfondi avant de pouvoir suivre le stage de formation et d’être affecté en BRI.
5) Le gendarme en police judidiaire
- Gendarme en unité de recherches : rattaché à la police judiciaire, il effectue des missions d’investigation dans le cadre d’enquêtes difficiles telles que analyses de comptes bancaires, filatures, perquisitions, écoutes téléphoniques… Il peut appartenir à une Brigade de Recherches (moyenne délinquance) ou à une section de recherches (grand banditisme). Il faut avoir servi au moins trois ans en gendarmerie départementale et détenir le diplôme d’OPJ.
- Gendarme N’Tech : ce gendarme spécialiste de la cybercriminalité doit être titulaire du diplôme d’OPJ pour passer les tests de sélection. Il suivra ensuite une formation très pointue de 15 mois portant sur l’analyse des supports de stockage numérique, les techniques de perquisitions en ligne, les procédures criminalistiques, etc.
6) Le gendarme en unité de prestige
Le métier de gendarme dans une unité de prestige peut s’exercer dans les postes suivants:- Fantassin de la garde républicaine : il assure l’escorte à pied du Président de la République, rend les honneurs aux Président du Sénat et de l’Assemblée nationale, sécurise les palais de la nation, participe au maintien de la sécurité publique et au prestige international du pays. Généralement affecté à cette unité dès sa sortie d’école, il peut aussi en faire la demande en cours de carrière.
- Cavalier de la garde républicaine : il remplit des missions de sécurité publique (Bois de Boulogne, Bois de Vincennes, Stade de France, Parc des Princes…), assure la sécurité des palais nationaux, escorte les hautes autorités de l’Etat. Pour postuler il faut être titulaire du galop 5 et avoir moins de 30 ans afin de suivre une formation de 12 mois.
- Motocycliste de la garde républicaine : spécialisé dans les escortes de sécurité et protocolaires du président de la République et des chefs d’Etats en visite sur le territoire national, il assure également les escortes de convois et de détenus ainsi que la sécurisation du Tour de France. S’il est déjà motocycliste il passe les tests de l’escadron, sinon il doit passer des pré-tests de sélection pour suivre ensuite un stage de formation à la conduite motocycliste.
7) Les unités spécialisées
Les unités spécialisées de gendarmerie comportent divers types de personnels tels que le gendarme en montagne, le maître de chien, l’enquêteur subaquatique, le gendarme spéléologue, le gendarme en unité nautique, le gendarme maritime, le gendarme des transports aériens, le gendarme de l’air, le gendarme de l’armement, le gendarme de la sécurité des armements nucléaires, le gendarme spécialiste des systèmes d’information et de communication (SIC).
L’avancement de carrière et le salaire du sous-officier
L’avancement de grade dans la Gendarmerie nationale se fait à la fois au choix (promus parmi une liste de candidats) et à l’ancienneté (des grades sont passés automatiquement au bout d’un certain nombre d’années). Le salaire est fonction du grade et de l’échelon.
1) Elève gendarme
Durant sa scolarité, le sous-officier perçoit un salaire brut de 1 485,47 €.
2) Gendarme
Le salaire brut varie de 1 555,76 € pour le premier échelon à 2 071,22 € pour le treizième échelon.
3) Maréchal des logis-chef
De 1 724,46 € au premier échelon à 2 202,43 € au septième échelon.
4) Adjudant
De 1 940 € au premier échelon à 2 305,52 € au neuvième échelon.
5) Adjudant-chef
De 2 141,51 € au premier échelon à 2 464,85 € au neuvième échelon.
6) Major
De 2 235,23 € au premier échelon à 2 610,12 € au sixième échelon. Le grade de Major bénéficie d’un échelon exceptionnel au salaire de 2 675,72 €.
Certaines primes peuvent s’ajouter au salaire du sous-officier de gendarmerie.