Les métiers de la gendarmerie : le Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN)

Le GIGN doit sa création à la multiplication des prises d’otages du début des années 70, plus particulièrement celle de la centrale de Clairvaux en 1971 et celle des JO de Munich en 1972. Le premier GIGN voit le jour en 1973 dans l’escadron parachutiste de Mont-de-Marsan, parallèlement à la naissance d’une équipe commando régionale d’intervention (ECRI) à l’escadron de gendarmerie mobile de Maisons-Alfort.

Documentation

En 1976 les deux unités sont regroupées pour augmenter leur efficacité et amoindrir le coût de fonctionnement. Il s’est distingué dans de très nombreuses opérations, dont les libérations d’otages à Djibouti en 1976, en Nouvelle-Calédonie en 1988 et à Marignane en 1994. Pour la première fois, il s’est engagé simultanément avec le RAID de la Police nationale lors de la double prise d’otage qui a fait suite aux attentats de janvier 2015.

Le bilan du GIGN en 2014, au bout de 40 ans d’existence, faisait état de 1 600 opérations avec 1 500 personnes interpellées, 625 otages libérés et 260 forcenés maîtrisés. Il a aussi malheureusement perdu onze de ses hommes, dont huit en entraînement, ce qui montre bien à quel point celui-ci est poussé.

L’organisation du GIGN

Basé au camp de Satory à Versailles, le GIGN dépend du directeur général de la Gendarmerie nationale, traitant directement avec les autorités gouvernementales. Avec son effectif d’environ 380 hommes et femmes (officiers et sous-officiers), il comporte trois états-majors et six forces.

L’état-major commandement

Un cabinet, une cellule communication, une cellule relations internationales, un bureau suivi et anticipation lui-même composé d’une cellule chargé de projet, d’un service recherche et développement, d’une cellule veille stratégique et d’une cellule audits et dossiers d’objectifs.

L’état-major opérationnel

Spécialisé dans l’évaluation, l’audit, la gestion de crise, la négociation, et dédié uniquement aux opérations.

L’état-major de soutien

Gérant les ressources humaines, ainsi que les aspects financiers, administratifs et logistiques.

La force intervention

Composée d’une centaine d’hommes, c’est l’unité d’assaut du GIGN ; elle comporte deux sections à dominante chuteurs et deux à dominante plongeurs. Elle dispose également d’une cellule d’évaluation et d’une cellule de préparation opérationnelle. Deux sections sont d’alerte chaque semaine : l’une opérationnelle en 30 minutes, l’autre en deux heures. Le passage par cette cellule durant au moins six mois est obligatoire pour chaque nouvelle recrue avant de pouvoir rejoindre une autre force si tel est son souhait. Un médecin et un infirmier (brevetés parachutistes) accompagnent les sections à chaque mission de la force intervention.

La force observation/recherche

Composée d’environ 40 personnels, elle est divisée en deux sections, elles-mêmes divisées en 2 groupes. Ses membres, particulièrement aguerris, travaillent toujours dans le cadre d’opérations de police pouvant durer de quelques jours à plusieurs mois. Ses méthodes particulièrement élaborées et ses capacités lui permettent de se fondre dans tous les milieux pour rechercher du renseignement opérationnel dans la lutte contre la criminalité organisée ou le terrorisme.

La force sécurité/protection

La trentaine de personnels qui la constituent ont en charge la protection rapprochée de personnalités et des diplomates français (ainsi que des ambassades) dans les pays en crise grave ou en guerre.

Le détachement GSPR (Groupe de Sécurité de la Présidence de la République)

Mixte depuis 2012 (police-gendarmerie), il comporte 30 gendarmes du GIGN ; ce groupe a en charge la protection personnelle et immédiate du président de la République française et de sa famille, de certaines personnalités, ainsi que de leur résidence officielle (conjointement à la Garde républicaine). C’est également lui qui assure l’organisation matérielle et la sécurité de ces mêmes personnes en déplacement.

La force appui opérationnel

Créée pour répondre aux besoins très spécifiques du GIGN, la FAO regroupe des capacités et des métiers opérationnels particulièrement rares et spécialisés. Elle comporte huit cellules ou sections :

  • cellule technique d’adaptation opérationnelle (copie ou modification d’objets courants pour un emploi en opérations) ;
  • cellule dépiégeage d’assaut (neutralisation, enlèvement et destruction d’explosifs) ;
  • section moyens spéciaux (présente sur chaque opération, elle est spécialisée dans l’acquisition du renseignement grace à l’appui électronique, la robotique terrestre et aérienne, le suivi de mobile…) ;
  • cellule effraction (création de brèches en effraction « chaude » à l’aide d’explosifs ou en effraction « froide » grâce à des pinces coupantes et des écarteurs) ;
  • cellule ouverture fine (intrusion sans explosifs ni dispositifs d’effraction classiques) ;
  • cellule nationale de négociation (négociateurs travaillant toujours en binome tout au long de la mission) ;
  • cellule cynophile (deux maîtres-chiens et un homme d’attaque) ;
  • cellule NRBC (contre les attaques arme nucléaire, radiologiques, bactériologiques et chimiques).

La force formation

Chargée en interne de la formation de policiers, militaires et civil au niveau national et international.

Les missions du GIGN

Avec ses hommes spécialement équipés et entraînés et l’utilisation de techniques et de moyens spécifiques et très sophistiqués, le GIGN répond aux besoins de gestion et d’intervention dans des situations très graves.

1) L’intervention

En premier lieu, le GIGN intervient dans les cas suivants :

  • détournement d’avion (Piratair),
  • détournement ou attaque de navire (Piratmer),
  • attaque nucléaire (Piratome),
  • attaque chimique ou biologique (Piratox),
  • prise d’otages de ressortissants français à l’étranger (Piratext).

Il intervient également dans des milieux particuliers tels que les milieux carcéraux, la montagne, la forêt, le désert. Une part importante de son activité est constituée par des opérations complexes de police judiciaire (flagrant délit, filatures à fin d’interpellation, enlèvements et extorsions de fonds, arrestations dans des domiciles durcis ou en milieu ouvert, arrestations de véhicules en mouvement).

2) L’observation-recherche

Spécialement entraînés aux techniques d’observation et de filatures, les hommes et les femmes du GIGN peuvent effectuer des missions d’infiltration et de recherche de renseignements dans tous les milieux et en toutes circonstances dans le cadre de la lutte contre le grand banditisme et le terrorisme.

Cette cellule du GIGN dispose de moyens de haute technicité et de personnels qualifiés dans divers domaines (changement d’apparence, sports de combat, montagne, plongée, parachutisme, etc). Au titre de ses spécialités, elle participe également aux autres actions du groupe, plus particulièrement dans les situations de crise extrême.

3) La sécurité-protection

  • Protection rapprochée de personnalités sur le territoire national
  • Exfiltration de ressortissants français à l’étranger
  • Sécurité des ambassades et représentations diplomatiques françaises à l’étranger
  • Analyse du risque et audit de sécurité
  • Sécurité des évènements d’ampleur nationale et internationale
  • Gestion de crise à l’étranger

4) L’appui opérationnel

Les moyens spéciaux dont dispose l’unité permettent son intervention dans les domaines suivants :

  • mise en sécurité de sites
  • copie ou modification d’objets courants
  • détection d’engins piégés et mise en sécurité
  • traitement de crise en atmosphère viciée et interventions dans les centrales nucléaires
  • création de brèches et intrusion discrète

Le recrutement au GIGN

Il se fait sur la base du volontariat et est particulièrement rigoureux. Pour se porter volontaire, le candidat doit être gendarme de carrière, avoir moins de 34 ans, apte au parachutisme, être en excellente condition physique et posséder une ouïe et une vision absolument parfaites. Grande maturité et sang-froid à toute épreuve sont indispensables.

Des tests d’une semaine sont organisés chaque année en région parisienne :

  • tests physiques et techniques ;
  • tests psychotechniques (questionnaires de personnalités, épreuves de groupe, mises en situation pratique, entretiens avec des psychologues).

La sélection se basant uniquement sur la performance, cela signifie qu’il ne suffit pas de réussir les épreuves, encore faut-il être le meilleur : seuls 5 à 10% sont retenus. Il n’existe aucun programme prédéfini pour les tests (qui varient souvent d’une sélection à l’autre), mais en voici quelques exemples.

  • Parcours d’obstacles en temps chronométré : gouttières, tyroliennes, cheminées, échelles, parcours en spéléologie.
  • Epreuve de résistance aux gaz lacrymogènes.
  • Parcours du combattant.
  • Parcours d’évasion et affrontement avec un chien de l’unité (tenue matelassée).
  • Epreuve d’agressivité (boxe en deux rounds de deux minutes).
  • Epreuve d’endurance : marche commando de 8 km en treillis et rangers avec sac de 11 kg et arme.
  • Epreuves de natation : 100 m nage libre (temps imposé), saut d’un plongeoir à 10 m de haut, 50 m pieds et mains liés, 50 m en apnée.
  • Epreuves de résistance : maximum de pompes, tractions et abdominaux dans un temps limité, grimper de corde de 6 m.
  • Saut de corde d’un viaduc.
  • Epreuves de tir (rappelons que le gendarme ne doit pas tuer mais neutraliser) : épreuve au fusil à 200 m (10 munitions), épreuve au pistolet automatique à 15 m (10 munitions).

La formation

Le candidat retenu au terme des tests de sélection devra d’abord effectuer un pré-stage de 6 à 8 semaines avant de pouvoir commencer la formation, si ses résultats sont concluants.

Ce stade probatoire a pour but de reprendre du début toute la formation du candidat en matière d’entraînement physique : sports de combat, course à pied, escalade, combat d’infanterie classique, etc. Il devra en outre s’exercer au tir de façon assidue et apprendre à se servir d’une arme de poing et d’épaule.

La formation proprement dite dure environ 9 mois durant lesquels sont enseignés toutes les techniques : lutte antiterroriste, mutinerie en prison, neutralisation d’individu, filature, etc. A la fin de la formation, le gendarme reçoit un brevet du GIGN numéroté puis intègre la force à laquelle il est affecté.

L’entraînement

Il est présent en permanence dans le GIGN, ses membres devant être au mieux de leur forme tant physique que mentale. L’entraînement est intensif, qu’il doit individuel, semi-collectif ou collectif et comporte également des stages.

1) Entraînement individuel

Il est laissé au libre choix de chacun, en fonction de ses contraintes opérationnelles (missions, alertes…) et des salles disponibles ; il se partage entre cyclisme, natation, musculation, footing, sports de combat (boxes américaine, thaï ou anglaise, Krav Maga, judo…).

L’entraînement au tir est quotidien, d’autant plus que le stand de tir (15, 25 et 50 mètres) est ouvert jour et nuit. Sachant qu’une centaine de cartouches par homme est grillée chaque jour, on comprend mieux pourquoi le GIGN a la réputation de meilleure école mondiale de tir.

2) Entraînement semi-collectif

Il s’effectue au niveau de la section, plus particulièrement quand elle est d’alerte. Ce type d’entraînement a lieu sur les bases d’entraînement de Beynes et de Mondésir. Il est constitué d’études de matériels (armes et explosifs), de posés d’assaut, de progressions dans des bâtiments et de rappels pendulaires à partir d’hélicoptères.

Chaque mois, des exercices à partir d’hélicoptères (Alouette III, Puma, EC 145) sont réalisés par le dispositif d’alerte.

3) Entraînement collectif

Il s’effectue au niveau des Forces, sur le thème d’une prise d’otage à bord d’un navire ou d’un avion (intervention), d’une mission au profit de diplomates dans un pays en guerre (sécurité-protection) et du suivi de personnes (observation-recherche).

4) Stages

Il s’agit de stages réguliers et spécifiques : maîtres-chiens, plongeurs, chuteurs opérationnels. Par ailleurs, tous les membres du GIGN peuvent participer aux stages corps à corps, OMB (guidage et poser de nuit d’hélicoptères en terrain non reconnu, NEDEX (explosif), CT1 (moniteur) et CT2 (moniteur-chef), conduite rapide, moniteur ou instructeur commando, survie.

Salaire et évolution de carrière

La rémunération d’un membre du GIGN est identique à celle d’un autre gendarme, le minimum étant d’environ 1 200€ mensuels nets, et dépend de son grade et de son échalon. Ainsi un major au dernier échelon perçoit un peu plus de 2 000€. Mais ce salaire est largement augmenté par les primes et indemnités diverses.

Le brevet du GIGN ouvre droit à l’avancement au même titre que le diplôme d’OPJ.

Il existe une limite d’âge pour travailler au sein du GIGN, à savoir 40 ans pour un gendarme, 44 ans pour un maréchal des logis-chef, un adjudant et un adjudant-chef, et 46 ans pour un major. Mais le prestige du GIGN permet une reconversion rapide dans le civil (entreprises de sécurité privée, par exemple).

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