Votre décision est prise : vous allez vous inscrire au concours gardien de la paix! Et qui dit concours dit également sérieuse préparation, d’autant que celui-ci est réputé pour être plutôt difficile. N’oublions pas que de catégorie C (niveau brevet), le concours de gardien de la paix est passé en catégorie A (niveau bac). Cela signifie qu’il est devenu beaucoup plus sélectif, d’autant que de plus en plus de candidats sont d’un niveau Bac+3 ou bac+4, sans parler du nombre limité de postes offerts. Il faut donc être parmi les meilleurs pour devenir gardien de la paix.
Deux options s’offrent à vous : passer par une prépa au concours ou vous entraîner seul.
La préparation par un organisme
Le principal frein à cette solution est généralement d’ordre financier. La plupart du temps le coût d’une prépa est très élevé (rarement en dessous de 3 000€) et, s’il en existe quelques-unes d’un tarif plus abordable, il faut bien reconnaître que leur programme est souvent assez léger.
Vous aurez le choix entre une préparation à distance ou une préparation en présentiel. Cette dernière formule est à privilégier dans la mesure du possible, surtout au vu des coefficients élevés dont sont affectées les épreuves d’exercices physiques et l’entretien avec le jury, difficilement préparables par correspondance
A titre d’exemple, voici le programme de préparation en présentiel au concours gardien de la paix proposé par un organisme ayant fait ses preuves. La formation se déroule sur 25 semaines, à raison de 27 heures hebdomadaires (incluant la préparation physique, ce qui n’est pas toujours le cas) ainsi décomposées.
1) Admissibilité
- Culture générale et QCM : 6h
- Français : 4h
- Mathématiques : 1h
- Culture générale professionnelle : 1h
- Tests psychotechniques : 1h
2) Admission
- Préparation à l’entretien : 2h
- Anglais : 1h
3) Préparation physique
- Condition physique : 4h
- Musculation : 2h
- Entraînement spécifique : 1h
Un concours blanc est organisé chaque semaine et il est possible de s’inscrire en option à un atelier de gestion mentale et un atelier de maîtrise du stress.
La préparation en autodidacte
La priorité est de vous y mettre plusieurs mois à l’avance et de travailler de façon constante et régulière. La meilleure façon de se préparer au concours gardien de la paix est de s’appuyer sur les annales des années précédentes. Vous aurez ainsi un aperçu de la façon dont se présentent les épreuves en même temps qu’une idée précise des thèmes susceptibles d’être abordés.
Travaillez d’abord sur un temps illimité puis prenez l’habitude de vous chronométrer. Ainsi vous ne serez pas pris de court par le temps imparti pour chaque épreuve.
1) Etude de texte
Cette épreuve nécessite de réviser toutes les règles de français permettant une orthographe et une syntaxe impeccables. Ce conseil est d’ailleurs valable pour l’ensemble des épreuves écrites.
Lisez beaucoup, autant les auteurs classiques et contemporains que la presse et les magazines d’actualité. On considère que 20 minutes de lecture quotidiennes permettent de progresser en orthographe, en vocabulaire et en rédaction. Plus on lit, plus on lit vite : vous gagnerez donc du temps au moment de l’épreuve. Mais il faut que ce soit une lecture active, vous permettant le repérage rapide des mots clés, l’écrémage et l’approfondissement : rien ne sert de lire vite si l’on ne comprend pas ce qu’on lit.
Intéressez-vous aux évènements de l’actualité, aux règles du comportement citoyen, au cadre institutionnel politique, à la police dans sa globalité ainsi qu’à ses missions et ses métiers. Cette curiosité vous servira également pour l’épreuve d’entretien. Construisez des fiches thématiques que vous réviserez régulièrement.
Cette épreuve, basée sur un texte d’une à deux page(s), comporte 3 parties. Il s’agit souvent d’articles de presse portant sur un sujet d’actualité, mais parfois aussi de textes littéraires.
- Prise d’information (notée sur 4 points) avec des questions telles que : « Quel est le sujet traité? » ; « Dégagez les idées essentielles de l’auteur » ; « Relevez des références littéraires citées dans le texte » ; « Proposez un titre ».
- Analyse de l’information (notée sur 6 points) : »Reformulez le point de vue de l’auteur » ; « Résumez deux arguments développés par l’auteur pour justifier son point de vue » ; « Expliquez la phrase xxxxx ».
- Ecriture d’un texte argumentatif en une quarantaine de ligne (notée sur 20 points) ; exemple de sujet donné. L’auteur débute son article en affirmant « Tout le monde rêve de changer ». Avez-vous, vous aussi, « déjà rêvé de changer »?
2) Tests psychotechniques
Ce sont de grands classiques des concours et leur réussite repose sur un entraînement intensif. Ils ne portent pas sur des connaissances spécifiques et ne sont d’ailleurs pas notés dans le concours gardien de la paix. Ils permettent juste de dresser le profil psychologique du candidat. Ils sont classés en plusieurs catégories.
- Logique numérique
- Aptitude verbale
- Suites logiques
- Séries alphanumériques
- Logique spatiale
- Tests d’observation
- Tests de mémoire
Ils reposent essentiellement sur la logique et le bon sens. Toutefois une bonne réactivité pour certains d’entre eux passe par un certain niveau de vocabulaire (d’où l’importance de la lecture pour enrichir celui-ci) et par l’habitude du calcul mental auquel il est nécessaire de s’exercer.
Vous pourrez très facilement vous procurer des tests psychotechniques, sur Internet ou sous forme papier. Faites-en à la moindre occasion, comme s’il s’agissait d’un jeu. Rien ne dit que vous aurez les mêmes au jour du concours, mais vous serez familiarisé avec ce type d’exercices et vous apprendrez à les résoudre de plus en plus vite au fil du temps.
3) QCM
Cette épreuve se décompose en deux parties : l’une sur les fondamentaux scolaires en français et en mathématiques, l’autre sur les connaissances générales liées à l’actualité, le cadre institutionnal politique, les règles du comportement citoyen et l’organisation générale du ministère de l’Intérieur et des services de police).
En tant que titulaire du baccalauréat, vous êtes censé maîtriser les connaissances nécessaires à la première partie : orthographe, grammaire, conjugaison, vocabulaire, les 4 opérations, système métrique, calcul mental, proportionnalité, etc. Parmi les questions posées figurent régulièrement la bonne orthographe à trouver, la conjugaison de verbes, de l’analyse grammaticale, des calculs de pourcentage, des équations, du calcul mental.
Exemples :
- Participe passé de courir
- Synonyme de dilapider
- Définition d’une gabegie
- Antonyme de fédérer
- Définition de réquisition
- A combien sont égales 30 000 secondes en heures et minutes?
- Prix de vente TTC d’un flacon de parfum coûtant 50€ HT (TVA = 20%)
- Calcul en hectares d’un champ mesurant 40 m de large sur 60 mètres de long
- Combien de centimètres représente une distance de 500 m sur une carte au 1/25 000ème?
L’autre partie porte sur des thèmes récurrents tels l’Union Européenne, l’actualité politique, les administrations françaises, la justice, le droit et l’économie, les inventions et les découvertes, l’histoire et la géographie, les arts et la littérature, les célébrités.
Là aussi la lecture de la presse et d’ouvrages divers vous seront d’une grande utilité. Les annales vous apporteront également des connaissances sur diverses institutions. Ne rechignez pas à investir dans des ouvrages spécifiquement dédiés à la préparation du concours gardien de la paix : les fiches de synthèse qui y figurent permettent d’aller directement à l’essentiel.
Exemples :
- A quel corps appartient un commissaire de police?
- Par quoi est transmise la maladie de Lyme?
- Quel est le réalisateur du film « La La Land » en 2016?
- Que désigne l’expression French Connection?
- Quest-ce que l’opération sentinelle?
- Quelle est la question fondamentale pour Kant?
- Dans quel pays se situe le Taj Mahal?
- Combien l’assemblée nationale comptait-elle de femmes au 1er janvier 2017?
- Combien de fonction publiques existe-t-il en France?
- Quelle ville allemande accueille en 2017 la COP 23?
4) Epreuves d’exercices physiques
La réussite à cette épreuve passe par un entraînement régulier et graduel (surtout si vous n’êtes pas très sportif à la base). Pour vous accompagner dans cette préparation, vous trouverez sur le site de la Police nationale un guide d’entraînement à télécharger.
Composé de conseils généraux, du descriptif détaillé de chaque atelier, d’exercices tests et d’exercices d’entraînement, ce guide très complet vous aidera à organiser vos séances et vous indiquera les choses à ne surtout pas faire.
Concernant le test d’entraînement cardio-respiratoire, le seul entraînement valable consiste à courir, de préférence 2 à 3 fois par semaine pendant 45 minutes. Vous devez courir à votre rythme, c’est-à-dire sans forcer. Pour vous assurer que vous êtes bien au rythme qui vous convient, la respiration est un bon point de repère : elle doit se faire par le nez, sans ressentir le besoin d’ouvrir la bouche.
Pour ce faire, il vous faut travailler « en foncier », c’est-à-dire acquérir la capacité à utiliser au maximum votre oxygène disponible donc déclencher une adaptation cardiaque et une meilleure vascularisation des muscles. L’idéal est ensuite de remplacer une séance de foncier sur deux par une séance d’entraînement fractionné. Cette dernière consiste à alterner efforts importants et périodes de récupération marchées ou trottinées.
Exemple d’entraînement fractionné : Après 10 à 15 minutes d’échauffement, effectuer 50 mètres de sprint à vitesse maximale + 1 minute de récupération. Répéter l’exercice 6 à 8 fois puis effectuer 10 minutes d’étirements. A noter que le sprint peut être remplacé par la montée en courant d’une vingtaine de marches.
5) Entretien
C’est sur cette épreuve que se joue le plus gros coefficient, donc elle doit être soigneusement préparée.
La première partie, votre présentation, ne s’improvise pas et vous pouvez donc la préparer soigneusement. En 8 minutes environ, expliquez qui vous êtes : situation familiale, activité actuelle ; parlez du déroulement de vos études, des postes que vous avez occupés précédemment. La présentation doit être détaillée et mettre vos compétences en valeur. Terminez par vos motivations et vos projets de carrière dans la police.
Pour les questions que vous posera le jury ensuite, celui-ci s’appuiera beaucoup sur ce que vous avez dit, donc n’enjolivez pas votre présentation ni le CV que vous avez transmis au préalable : si vous avez affirmé être passionné de littérature, attendez-vous à ce qu’il creuse la question.
Le jury cherche avant tout à vérifier vos connaissances sur la police et son organisation, savoir si vous êtes conscient de la difficulté du métier et si vous avez réfléchi à un service qui vous intéresserait en particulier. Si vous avez un niveau d’études supérieures, on vous demandera certainement pourquoi vous passez le concours gardien de la paix et non officier ou commissaire.
Vous aurez également des mises en situation telles que « votre réaction en cas d’outrage à agent », « vous arrêtez un conducteur pour infraction et vous vous apercevez qu’il s’agit de votre père » ou « que faites-vous si une barrette de haschis tombe de la poche de votre collègue? ». A vous de répondre en votre âme et conscience, mais si vous donnez une réponse que vous pensez attendue par le jury alors que vous n’en pensez pas un mot, celui-ci ne sera pas dupe.
Pour préparer cette épreuve, listez vos défauts et vos qualités ainsi que celles dont doit faire preuve un gardien de la paix. Affutez vos motivations (la notion de service public est très importante). Creusez l’actualité récente et les problèmes de société. Et n’oubliez pas que les révisions faites pour les autres épreuves auront aussi un impact sur celle-ci.
