A l’origine, le nom de RAID avait été attribué à cette unité en référence au mot « raid », désignant un assaut militaire, puis on lui a attribué le sens de « Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion » en raison de son acronyme. Il a été fondé en 1985 par le ministre de l’Intérieur Pierre Joxe, dix ans après la création du GIGN de la Gendarmerie nationale.
De 80 personnes au départ, les effectifs du RAID sont passés à 180 début 2015. Il est directement placé sous l’autorité du directeur général de la Police nationale, sous l’égide de la FIPN (force d’intervention de la Police nationale) comportant également deux autres groupes : la BAC (brigade anti-commandos), appelée également la BRI (brigade de recherche et d’intervention) et les GIPN (groupes d’intervention de la Police nationale) ; à noter que les GIPN métropolitains ont été officiellement incorporés au sein du RAID en 2015 et que les trois groupes restants sont affectés en Outre-mer. Avec cette intégration, le RAID a atteint l’effectif de 300 personnes.
Le RAID intervient dans les 21 départements les plus proches de Paris mais, dans les situations particulièrement graves, il est compétent sur l’ensemble du territoire. En revanche, il ne l’est pas pour la suite judiciaire des faits ayant nécessité son intervention. Les personnels opérationnels sont partagés entre groupes de parachutistes, de plongeurs, de négociateurs, groupes d’assaut, snipers (pool Oméga), groupe Opérationnel de Soutien Technique (pool GOST), pool effraction et pool cynophile.
Les missions du RAID
En raison des situations très difficiles auxquelles le RAID peut se trouver confronté, ses hommes sont formés pour remplir toutes les missions nécessitant que l’on fasse appel à eux :
- résolution de situations sensibles ou graves telles que prises d’otages, actes terroristes, retranchement de forcenés ou de malfaiteurs armés ;
- intervention au cours de troubles graves à l’ordre public nécessitant le recours à des méthodes et des moyens techniques spécifiques ;
- gestion des grands évènements ;
- protection rapprochée des ambassadeurs et sécurisation des représentations diplomatiques françaises dans les pays à risques ;
- aide opérationnelle à certains services chargés de la prévention et de la répression du terrorisme et du grand banditisme ;
- assistance au service de protection de hautes personnalités pour certaines missions ;
- études et essais de matériels et de techniques d’intervention en collaboration avec d’autres directions de la Police nationale ;
- formation à l’étranger d’unités d’intervention.
Le recrutement au RAID
Le recrutement s’effectue sur la base du volontariat. Une première sélection se fait sur dossier : seuls les agents particulièrement bien notés et recommandés par leurs supérieurs ont des chances d’être retenus. Pour faire acte de candidature, il faut avoir au minimum trois d’ancienneté dans la police et être âgé de moins de 35 ans au 31 décembre de l’année de constitution de la liste de candidats admissibles (38 ans pour les officiers du corps de commandement).
Des épreuves de sélection, décidées par une instruction du directeur général de la Police nationale, sont ensuite organisées sur proposition du chef du RAID. Ces épreuves se déroulent sur une semaine et varient chaque année. Elles peuvent prendre la forme suivante.
1) Epreuve physique
- Deux montées de corde de 5 mètres sans contrainte de temps ;
- pompes jusqu’à épuisement du candidat ;
- tests de force (tractions, répulsions, relevés de jambes jusqu’à épuisement).
Durant cette épreuve, tous les gestes sont observés et analysés.
2) Epreuve d’habileté et de maîtrise de soi
Il s’agit d’une épreuve tendant à s’assurer que les candidats ne se laissent pas déstabiliser dans des conditions totalement défavorables à la concentration et qu’ils ne sont pas sujets à la claustrophobie : équipés d’un casque et d’un gilet de mordant, les policiers traversent un tunnel comportant des pièges, subissent des tirs à blanc à proximité de leur tête et font face à un lâcher de chiens ; l’obscurité étant totale, ils n’ont que le toucher pour se diriger.
Dans ce test, ce sont surtout les qualités mentales qui sont mises à l’épreuve.
3) Epreuve de tir
Chaque tir doit faire mouche, avec changements successifs d’arme au fil de l’épreuve. Ce test peut également comporter une épreuve de ball-trap.
4) Epreuve de sport de combat
Il peut s’agir de boxe française, anglaise, thaïlandaise, judo, karaté, combat pieds-poings…
5) Epreuve d’endurance
Elle consiste à parcourir la plus grande distance possible sur terrain plat en 12 minutes (test de Cooper) et à enchaîner avec un sprint de 50 mètres.
6) Epreuve de natation
Test de vitesse sur 50 mètres, nage en apnée sur 25 mètres, évacuation d’un mannequin immergé après escalade d’une échelle de corde, plongeon avec un gilet de 50 kg et un fusil d’assaut…
7) GTPI
La maîtrise des Gestes Techniques Professionnels d’Intervention est évaluée par des mises en situation (interpellation d’un suspect possiblement armé dans un véhicule, intervention sur un forcené armé retranché, interpellation d’un « colosse » sur la voie publique…).
La préformation éliminatoire
Les candidats ayant réussi les tests de sélection sont admis à une période de préformation de 14 semaines durant laquelle ils sont mélangés aux hommes du raid. Il s’agit d’une période très intense comportant :
- une formation de tireur qualifié à l’arme de poing durant une semaine, dont le tir de haute précision ;
- deux semaines de surveillance-filature dans divers types de situations (à pied, en train, voiture et métro), de jour comme de nuit ; le but est d’acquérir une base technique et les bons gestes qui seront développés par la suite ;
- la protection rapprochée avec l’étude de ses spécificités et de son vocabulaire propre, dans diverses mises en situations (conduite rapide sur autoroute, jogging, attaque à la grenade et au fusil d’assaut…) ;
- quatre semaines de formation à l’intervention (interpellation à domicile, prise d’otage en intervention planifiée ou par assaut, maîtrise d’individus retranchés ou forcenés, intervention avec appareil respiratoire isolant) ;
- habilitation de technicien d’intervention en hauteur en milieux périlleux (immeubles, monuments, ponts, antennes…) avec techniques de cordes ;
- aérocordage depuis un hélicoptère (descente en rappel, corde lisse).
Au cours de la cérémonie officielle d’intégration qui suit cette formation, les lauréats reçoivent leur habilitation.
L’affectation
Les candidats ayant réussi les épreuves de la préformation sont inscrits pour une durée de deux ans sur la liste des candidats admissibles. Ils peuvent être affectés en unité en fonction des besoins opérationnels. L’affectation est d’une durée de cinq ans, renouvelable deux fois sur décision du chef de service et après consultation d’une commission constituée des cadres de l’unité. Le renouvellement repose sur leurs aptitudes et leur manière de servir.
Une habilitation à des missions particulières peut être délivrée aux policiers du RAID par le chef de service après une période probatoire de six mois. La nature des missions dépend du niveau d’habilitation.
Outre leur entraînement régulier, les policiers du RAID doivent participer à des tests tous les trois ans pour contrôler leurs aptitudes et vérifier qu’ils ont toujours le niveau requis pour l’exercice de leurs fonctions.
Le salaire et l’évolution de carrière
La rémunération d’un policier du RAID est identique à celle des autres policiers, à savoir qu’elle dépend de son corps, de son grade et de son échelon. Mais elle est considérablement augmentée par des primes et des indemnités.
En tant que policiers, le membres du RAID peuvent monter en grade et acquérir d’autres responsabilités grâce à l’expérience, au même titre que les autres policiers. Mais un certain nombre d’entre eux ne cherchent pas à évoluer dans la mesure où leur ultime objectif était d’intégrer le RAID. En toutes circonstances, un ancien du RAID peut se réorienter sans difficulté dans la sécurité publique lorsqu’il quitte ses fonctions.
